Apparu au XVIe siècle en Europe, l’humanisme est un courant de pensée qui se base sur la connaissance approfondie des langues et des littératures anciennes. Ce courant de pensée pousse l’homme à réintégrer ce que les grecs ont pu développer. L’Homme affiche une grande curiosité pour le monde et les sciences qui l’entoure afin de les faire revenir à l’essentiel permettant à l’Homme de se retrouver au centre des connaissances. De plus, la Renaissance est une période artistique qui considère la nécessité de revenir à l’Antiquité et de renoncer aux codes médiévaux. Cela se traduit par le retour de la mythologie et son utilisation au service du pouvoir. Cette nouvelle période artistique fait son apparition au Nord-Ouest de l’Europe. Son premier foyer d’émergence est situé en Italie, lors du Quattrocento, expression désignant le XVe siècle.
L’Italie, le berceau de la Renaissance.
Le foyer initial de la Renaissance est la ville de Florence contrôlée par la famille de Médicis. Cette famille possède un pouvoir politique et économique important dans la ville. Ce sont Laurent et Cosme de Médicis, deux mécènes, qui fondent la puissance financière de cette maison. C’est en 1434 que Cosme de Médicis s’intéresse notamment à l’art après avoir fondé la banque de Médicis. Il embellit la ville de Florence par des monuments comme l’église San Lorenzo ou encore la cathédrale Santa Maria del Fiore. Il fonde l’académie platonicienne de Florence après l’achat de manuscrits grecs et en donne la direction à Marsile Ficin, un humaniste et traducteur de Platon. Son petit-fils, Laurent dit « Le Magnifique », donne un nouvel essor artistique à la ville en 1469. Il fait venir des écrivains, savants, artistes et constitue la grande bibliothèque de Médicis qui se situe aujourd’hui dans l’enceinte du monastère de la basilique San Lorenzo de Florence. Grâce à leur influence, de nombreux artistes vont profiter de leur protection pour produire leur art tel que Donatello qui ressuscite les statues équestres qui ont disparu au Moyen Âge. Ce sculpteur recherche l’idéal du beau en utilisant des proportions mathématiques et géométriques ainsi qu’en s’inspirant des représentations de l’Antiquité. C’est dans ce phénomène de protection que de nouvelles techniques apparaissent comme la perspective introduite par Masaccio à travers ses fresques.
La mythologie antique au cœur de la Renaissance.
A travers les arts de ces personnalités italiennes, on observe une prééminence de la mythologie antique. En effet, les Européens s’intéressent aux ruines des monuments romains en effectuant des fouilles ou en collectionnant des antiquités et cela se traduit dans l’art avec l’apparition notamment de la perspective pour représenter des personnages mythologiques. Venise émerge comme la capitale du renouveau de la peinture avec des acteurs comme Carpaccio, Bellini ou encore Urbino qui recherchent des couleurs très fortes et vives et créent un univers captivant. Les artistes vont utiliser de nouvelles sciences pour réaliser leurs œuvres comme les mathématiques et la géométrie qui sont utilisées pour obtenir le “Beau idéal”. Ces nouvelles normes artistiques permettent à ces artistes de réaffirmer l’héritage de l’Antiquité grecque et romaine. Bien que la littérature antique soit déjà étudiée par l’élite médiévale et les monastères, les connaissances de ces textes connaissent une diffusion importante avec l’invention de l’imprimerie au début du XVe siècle. Celle-ci permet de relire cette littérature ancienne qui aborde les valeurs humaines et intellectuelles. Un autre savant italien, Léonard de Vinci, est connu pour avoir touché à toutes les sciences qui ont subi un renouveau. Il dessine, invente, crée des plans architecturaux et s’intéresse à de très nombreux domaines. Ce retour à l’Antiquité crée une rupture avec le style gothique présent dans les édifices religieux européens notamment, et introduit de nouveaux éléments architecturaux comme les colonnes ou les corniches.
Le foyer italien du Cinquecento
Au XVIe siècle, une autre ville émerge en Italie : Rome, qui prend le relais de Florence. Le chantier le plus connu de cette période est celui de la Basilique Saint-Pierre, pensé par les papes Léon X et Jules II. Ces travaux sont menés par l’architecte italien Bramante, le peintre et architecte italien Raphaël qui décore les appartements, et le peintre Michel Ange qui réalise les fresques et tableaux ainsi que le plafond de la chapelle Sixtine avec la spectaculaire fresque “le Jugement Dernier” qui se termine en 1541. Cet art de la Renaissance est utilisé à des fins religieuses pour montrer la grandeur de la papauté et du Vatican. On observe de nombreux liens entre l’Antiquité et la mythologie religieuse.
En 1527, les soldats de Charles Quint, empereur du Saint Empire Romain Germanique organisent le sac de Rome dans le cadre de la septième guerre d’Italie, qui oppose la France et ses alliés à la dynastie Habsbourg, contrôlant une grande partie de l’Europe. La ville doit attendre la seconde moitié du XVIe siècle avec le Concile de Trente, qui réforme l’Église catholique pour ordonner la construction ou la rénovation de 54 églises, de 80 palais et villas construits à Rome et aux alentours, réservés au nobles. Rome renoue avec son rôle de capitale intellectuelle en fondant la légitimité des langues vernaculaires comme l’italien par l’humaniste vénitien Pietro Bembo. Surtout, la Rome du premier quart du XVIe siècle fournit un modèle culturel, social et politique qui a été théorisé par Baldassare Castiglione dans son oeuvre “Le livre du courtisan” où il explique le savoir-faire de l’idéal courtisan et qui a eu une grande influence dans toutes les cours européennes jusqu’au XVIIe siècle. Au Nord de l’Italie, à Venise, des nobles marchands font construire des palais et passent des commandes auprès des peintres pour décorer la ville dont Giorgione.
La Renaissance dans le reste de l’Europe
La Renaissance italienne se diffuse dans l’espace rhéno-flamand, au Nord de l’Europe. Ce sont les Pays-Bas qui commencent à définir leur propre Renaissance dès le XVè siècle. Cet espace riche et marchand est un lieu d’échanges importants qui permet les prémices de l’art de la Renaissance flamande. Cette variante de la Renaissance italienne porte une grande attention au détail et à la reproduction de la réalité. Le peintre flamand Jan Van Eyck recherche activement la perspective comme le témoigne le tableau Les époux Arnolfini réalisé en 1434. La perspective de Jan Van Eyck cherche la profondeur de la pièce dans ce portrait du quotidien d’une famille. L’influence de ces peintres va s’introduire en France qui subit l’arrivée cette influence italienne et flamande. Au cours du XVIè siècle, la synthèse entre la Renaissance italienne et les goûts et traditions rhéno-flamandes, des artistes français vont émerger comme Jérôme Bosch ou encore Bruegel l’Ancien. L’humaniste néerlandais Erasme devient une figure de cette culture néerlandaise qui va influencer les penseurs et artistes comme l’allemand Dürer qui trouve un archétype de représenter les visages. Des lieux sont transfigurés autour du monde comme le Château de Belvédère à Prague, le château de Wawel à Cracovie, la cathédrale de la Dormition à Moscou. Cela montre la polyvalence de ces artistes sollicités par de grandes familles.
La Renaissance française par le “Grand prince de la Renaissance”, François Ier
La France est le pays d’Europe qui a subi l’influence italienne la plus forte. Avec les guerres d’Italie, Charles VIII, Louis XII et François Ier ramènent de leurs campagnes militaires, de 1480 à 1525, l’art italien. Lors de leur aventure, ces rois français sont impressionnés que les villes italiennes aient des bâtiments complètement neufs. Ils vont ordonner à leurs dessinateurs de répertorier les caractéristiques de cet art nouveau. C’est de cette manière que les troupes françaises ont amené la Renaissance. De nombreux artistes italiens sont convoqués pour embellir les jardins et les châteaux. François Ier s’entoure de spécialistes de l’Antiquité, comme Dorat, pour partager sa passion pour la période antique. Ces humanistes augmentent les connaissances de la Renaissance avec la création du Collège des lecteurs royaux en 1530 qui enseigne des disciplines que Paris ignore, comme le grec, l’hébreu et les mathématiques. François Ier s’affirme comme “Grand prince de la Renaissance”. Ce roi utilise l’art à des fins politiques pour impressionner son ennemi Charles Quint. L’école de Fontainebleau connaît des modifications sous Henri II au cours de la seconde moitié du XVIè siècle. Des artistes français sont sollicités pour changer les bâtisses monarchiques. L’architecte français Pierre Lescot et le sculpteur français Jean Goujon créent le “beau à la française” qui est beaucoup plus massif que l’architecture italienne. Les écoles vont se développer à l’École de Fontainebleau.
Une diffusion artistique au profit des royaumes européens.
Les circulations des artistes permettent de mettre en mouvement les idées de la Renaissance et de l’humanisme. L’italien Léonard de Vinci vient en France à la demande de François Ier en 1516 et jusqu’à sa mort en 1519. Il est nommé à la tête du chantier de Chambord pour offrir au roi un château idéal mais il meurt quelque mois avant le début de sa construction. Cependant, une autre monarchie européenne adopte plus précocement les nouvelles idées de ce renouveau artistique. La monarchie hongroise de Matthias Corvin. Sous l’influence de sa femme d’origine napolitaine, Béatrice d’Aragon, le roi fait agrandir son palais en y faisant ajouter deux ailes inspirées de l’architecture de la Renaissance italienne ; il fait également construire une bibliothèque, la “Corvina”, pour y rassembler une grande collection de manuscrits. Enfin, il commande des bas-reliefs en bronze à Verrocchio ou des tableaux à Filippino Lippi et Andrea Mantegna. C’est la preuve que la Renaissance n’est pas un phénomène exclusivement italien et qu’elle dépend étroitement des élites pour son implantation dans un territoire. Ce phénomène permet aussi aux œuvres de circuler entre le Nord de l’Europe et l’Italie, de grandes maisons de commerce et de finances italiennes commandent des tableaux de Rogier van der Weyden et la famille Portinari placent ses œuvres dans leurs chapelles. C’est alors que le statut de l’artiste émerge, de nombreux princes veulent avoir des artistes prêts à exalter leur demeure et leur descendance. C’est un moyen pour le prince ou le roi d’affirmer leur puissance comme l’a fait la papauté de Rome.
La Renaissance et l’humanisme sont deux mouvements de redécouverte de l’Antiquité gréco-latine dans les domaines de l’art et des lettres notamment. La péninsule italienne constitue la région où ces deux phénomènes apparaissent de la façon la plus nette dès la seconde moitié du XIIIe siècle pour s’affirmer pleinement au siècle suivant. Avec le XVIe siècle, l’humanisme et la Renaissance se diffusent dans toute l’Europe et sont adaptés différemment selon les contextes locaux. Ils contribuent à la formation d’une rénovation des savoirs qui débordent du seul cadre des arts et des lettres.
Bibliographie :
– Bély Lucien, Solnon Jean-François (dir.), Sources d’histoire de la France moderne, XVIe-XVIIe siècles, Paris, Larousse, 1994.
– Bély Lucien, La France moderne, 1498-1789, Paris, 1994.
– Bourdeu Étienne, Cénat Jean-Philippe et Richardson David, Les temps modernes. XVIe-XVIIIe siècle, Paris, Armand Colin, 2018
– Cassan Michel, L’Europe au XVIe siècle, Paris, SEDES, 1999.
– Hamon Philippe, 1453-1559, Les Renaissances, Paris, Belin, 2009.
– France Info Culture et AFP, « Ce que Léonard de Vinci a fait pendant les trois dernières années de sa vie, passées en France », [En ligne], www.francetvinfo.fr, publié le 28/04/2019, consulté le 23/12/2023.
Rédactrice : Cassis