« Paris libéré », l’unité d’un peuple contre l’occupant

19 août 1944. Paris est depuis plus de quatre ans, et plus précisément depuis le 14 juin 1940, sous occupation allemande. Depuis plus de quatre ans, le drapeau à croix gammée de l’occupant flotte sur la tour Eiffel. Depuis plus de quatre ans, les Parisiens vivent la répression, la peur et même la faim. Et pourtant, depuis plus de quatre ans, la Résistance se développe et lutte contre l’occupant nazi. Le bruit de l’avancée des Alliés se fait entendre à Paris et donne espoir à ceux qui, depuis plus de quatre ans, vivent sous le joug des nazis.

19 août 1944. Les cheminots sont en grève depuis 9 jours suite à l’appel de la Confédération générale du travail : c’est le début d’une révolte parisienne. Cette fois, ce n’est pas contre le pouvoir en place telle que lors de la Commune, ou de la révolution de 1848. Non, cette fois, c’est contre l’occupant, l’ennemi, les « Boches », comme on les surnomme vulgairement à l’époque. Elle commence par cette grève qui s’étend des cheminots à l’ensemble des professions, policiers compris. Les S.S. choisissent encore la terreur,  et exécutent, en public, trente-cinq jeunes résistants. Seulement, il en faut plus pour empêcher le peuple de Paris de se libérer.

19 août 1944. La veille, le colonel Rol-Tanguy avait lancé l’ordre d’insurrection, en s’emparant avec les résistants parisiens de la préfecture de police. Forces de police et garde républicaine maintenant dans la main des insurgés, le 19 août 1944 marque avec ses premiers combats le début de la Libération de Paris. Le 20 août, la Résistance prend l’hôtel de ville. Mais les Insurgés manquent d’armes et d’hommes. Les combats sont nombreux, trop nombreux, dans tous les arrondissements de Paris. L’arrivée des Alliés est plus qu’attendue, elle est nécessaire. Ces derniers sont proches, à environ cinquante kilomètres de la capitale. Mais ils s’éloignent de Paris, contournant la ville pour se diriger vers la Lorraine. De Gaulle intervient « Je me vois obligé d’intervenir et de vous inviter à y envoyer mes troupes. » Ce sont donc les Français qui libéreront la capitale de la France. Le général Leclerc n’hésite pas, il envoie les blindés sur Paris. C’est ainsi que la 2e division blindée s’en va en direction de Paris, accompagnée de la 4e division d’infanterie américaine. Le 23 août à six heures du matin, 15 000 soldats, 4 000 véhicules et 400 chars sont en route pour la capitale.

Charles de Gaulle descendant les Champs-Élysées ©️ Wikimédia Commons, Domaine public

Ce 23 août 1944, une jeune résistante du nom de Madeleine Riffaud, accompagnée de trois hommes, s’embarque en direction de la gare de Belleville-Villette sur ordre de l’état major des Francs-tireurs et partisans (FTP). Il y a un train, et il faut l’arrêter. Les quatre résistants jettent tout ce qu’ils ont, les Allemands mitraillent, le conducteur tente une marche arrière. Bloqué, il faut faire vite, il y a quatre-vingt SS dedans, les résistants ne sont que quatre. Par l’aide d’un cheminot, on détache la locomotive. Les Allemands se rendent. Ce 23 août 1944, cette jeune résistante, Madeleine Riffaud, a vingt-ans.

Deux jours plus tard, la 2e DB franchit les portes de Saint-Cloud, d’Orléans, de Gentilly, d’Italie. Le 24 août, les cloches de Notre-Dame sonnèrent pour la première fois depuis 1940. L’armée est entrée dans Paris, et elle ne pourra partir qu’une fois Paris libéré. Enfin, depuis deux jours, les combats sont toujours plus sanglants pour la population, qui combat les ennemis de l’intérieur. La Résistance tient tous les bâtiments de Paris. Le 25, c’est Leclerc qui passe la porte d’Orléans et rencontre Jacques Chaban-Delmas sur la place Denfert-Rochereau.

 

Parisien sur les Champs-Élysées ©️ Wikimédia Commons, Domaine public

Ce 25 août les combats sont violents, trop violents. Les Allemands cachés finissent par ne plus avoir le choix, il faut se rendre. La victoire approche. En ce 25 août 1944, le Général  von Choltitz capitule. Rapidement, la signature de la capitulation des troupes nazies est faite à la gare Montparnasse avec le contreseing du colonel Rol.

Les cloches sonnent dix-sept heures. L’homme du dix-huit juin franchit les portes de la capitale. Le général Leclerc lui tend l’acte de la capitulation. Paris, après des jours de combat et des années d’occupation, est enfin libéré. Du ministère de la Guerre, que De Gaulle connaît bien, il s’en va pour l’Hôtel de Ville où il arrive seulement aux alentours de dix-neuf heures. Les Parisiens sont là, joyeux, déterminés et fiers.  « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé !  Mais Paris libéré ! ». Le chef du Gouvernement provisoire de la République française s’exclame devant ceux qui ont passé six jours dans une lutte acharnée pour libérer la ville Lumière.

Ce Paris libéré est un Paris exalté, partout on fait la fête, on célèbre la libération, on rit, on chante, on s’aime. C’est le Paris qui vit, le Paris d’antan. Le lendemain, on se réunit Place de l’Étoile pour rendre hommage aux « libérateurs ». À  quinze heures, De Gaulle se rend sur la tombe du soldat inconnu, puis, au côté des artisans de la libération de Paris, descend les Champs-Élysées sous l’acclamation des foules. Le Général se rendit ensuite à Notre Dame où retentit un Magnificat.

Le soir, Paris est bombardé. Cent-quatre-vingts-neufs morts sont à décompter. Le 29 août, les troupes allemandes sont assez éloignées vers l’Est. En France, les combats et la Libération continuent. Oui, ils continuèrent en périphérie du 27 au 29. Le 30 août 1944, Paris n’est enfin plus menacé. « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé !  Mais Paris libéré ! »

Bibliographie :
CHEVANDIER Christian, La libération de Paris. Les acteurs, les combats, les débats, Paris, Hatier, 2013.
Ministère des Armées, La Libération de Paris [1944 : la France libérée 3/4], [En ligne], consulté le 17 septembre 2024, disponible sur : https://www.defense.gouv.fr/actualites/liberation-paris-1944-france-liberee-34.
MURACCIOLE Jean-François, La Libération de Paris. 19-26 août 1944, Paris, Tallandier, 2013.

Rédacteur : Quentin DELOT

 

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